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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

cueillir la fleur, il aperçoit une petite fille étendue sur les cailloux. Ses pieds se perdent dans l’eau fugitive. Il y a du sang sur la pierre. L’infortunée s’était sans doute assommée dans sa chute. Il fait un pas en arrière : Un frisson parcourt tout son corps. Il relève l’enfant qui ouvre de grands yeux tristes, et paraît avoir perdu le souvenir… La serrant avec un sentiment de compassion contre sa poitrine, il l’emporte sur la cage.

En le voyant accourir avec cette enfant dans les bras, les gens de cage furent intrigués. L’ex-élève de troisième dit, levant les mains au ciel : O tempora, o mores ! que ferons-nous donc, nous qui parlons tant, si ceux qui n’ont pas de langue se font ainsi suivre des jeunes filles ?

— Mais ne vois-tu pas que c’est une enfant, répartit Picounoc, et qu’elle est innocente comme toi et moi ?

— Comme toi et moi ! observa Lefendu, c’est un peu risqué.

Sicut et nos ! dit, comme un écho, l’ex-élève en levant les yeux au ciel.

Le contre-maître s’avança vers Djos qui