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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— Mon Dieu ! dit-elle, ne faites pas tant de bruit, la police va venir, c’est sûr ! Nous allons tous être arrêtés… Ne le tuez pas ! Je le regarde comme mon enfant !… Ne frappez pas avec cela !…

Elle s’adresse au jeune brigand, qui vient de s’armer d’une bouteille. Le muet se défend bien, mais il reçoit parfois de rudes coups aussi. Ils sont encore trois contre lui. Que faire contre trois ? Mourir ? Ce n’est pas gai. Se sauver ? Ce n’est pas possible. Se laisser battre alors ? C’est ce qui serait inévitablement arrivé, si l’on n’eut entendu quelques coups discrets dans la porte. La bagarre cessa comme par enchantement. Le silence le plus profond régna tout à coup, sous ce toit que venaient de faire retentir les jurements, les blasphèmes, le bruit des mains et des pieds des lutteurs. Ceux qui arrivaient étaient des hommes de cage, des compagnons du muet. Celui-ci éprouva une grande satisfaction : il savait bien que ses camarades prendraient sa défense et ne le laisseraient point maltraiter.