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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

menaçai du feu. Il n’acheta plus que des rosses : je fis crever les rosses plus vite que les bonnes bêtes. J’aimais une jeune fille : elle s’appelait… Arrêtez ! tord-flèche ! j’ai oublié son nom… Félonise, je crois… oui ! Félonise Morin. Ses parents ne voulurent pas me la donner ; je l’enlevai. Nous allâmes aux États-Unis. Un ministre protestant nous unit pour la vie. Le lendemain, ou le surlendemain, je ne sais pas au juste, le lien de l’hymen était rompu. Ça ne tient pas plus qu’un fil. Je revins dans ma famille quelques années après. Mon père était malade ; le chagrin avait abrégé ses jours. Je l’embrasse avec bonheur ; je lui demande sa bénédiction et son bien.

— Ma bénédiction, dit-il, pauvre enfant, je te la donne de tout mon cœur, et puisse-t-elle te rendre heureux et bon chrétien. Mon bien, je l’ai donné à ta sœur.

— Alors, repris-je, vous pouvez garder votre bénédiction. Portez-vous bien !

— Arrête, mon fils ! murmure mon père d’une voix mourante…

J’arrête.