Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

sa curiosité. Elle se lève. Un faible rayon de lumière semblait percer le plancher sans tapis, et jouer au plafond. Elle s’approche de ce rayon. C’était le reflet de la chandelle qui montait par le trou de tuyau mal bouché. La chambre de Geneviève se trouvait au-dessus de la salle où causaient le maître d’école et sa sœur. La fille curieuse colle son oreille au plancher et recueille avidement les paroles des deux monstres qui complotent le déshonneur et la perte de l’enfant. Elle ne voit pas l’orpheline, et ne sait qui elle est, ni d’où elle vient. Mais la petite s’approchant de mademoiselle Racette passe vis-à-vis le trou de tuyau, et reçoit la lumière de la chandelle sur sa jolie figure. Geneviève tressaille de douleur. Le souvenir de la femme qui l’a tant aimée revient à sa mémoire, comme un jonc que le canot a plié revient à la surface de l’onde ; un trouble mystérieux s’empare de ses esprits, et elle part à pleurer. Elle entend quelqu’un monter. Elle se remet au lit promptement, et, la tête cachée dans son drap de toile, elle feint de dormir. Elle s’endort en effet. Alors elle a un songe étonnant : Elle se trouve dans un pays étranger, loin du monde, au milieu d’une