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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

profonde solitude. Ses pieds égarés suivent le bord d’une côte immense, et le flanc de cette côte est formé d’un sable léger, fin et jaune comme une poussière d’or. Et au pied de cette côte, à une profondeur effrayante, gronde comme un tonnerre sourd, les flots d’un torrent. La pauvre fille a peur et marche vite pour s’éloigner de cette côte dangereuse. Et de temps en temps elle regarde l’abîme pour juger de la distance qu’elle a parcourue ; mais la distance est toujours la même, et ses pas côtoient toujours le sombre ravin.

Elle entend une voix qui l’appelle. Surprise elle s’arrête. Cette voix monte du gouffre.

Elle se penche pour mieux ouïr ou voir mieux, et elle reconnaît l’homme qui l’a perdue, l’infâme Racette.

— Viens donc, dit-il, et sa bouche est séduisante comme une fleur de cactus, viens donc, le gazon est frais ici, l’onde est limpide, et les oiseaux gazouillent des hymnes de volupté ! Descends ; tu vas glisser comme sur le velours ; tes pieds ne se heurteront pas aux pierres, tes main ne se déchireront pas aux épines. Un souffle d’amour caresse ici