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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

il en arrache les boutons, déchire la chemise et met la poitrine à nue. Alors versant dans sa main le contenu d’une bouteille, il mouille et frictionne longtemps la poitrine du malade. Le rhumatisme disparaît comme par enchantement, et le malade joyeux achète plusieurs fioles de ce remède extraordinaire qui l’a sauvé.

« Messieurs, reprend le charlatan, je remercie Dieu, et remerciez-le, avec moi, de ce qui vient d’arriver. Vous avez la preuve maintenant de l’efficace vertu de mon remède et de mon honnêteté. Si vous négligiez d’acheter ce sirop incomparable, vous seriez coupables, car vous vous exposeriez à souffrir, à négliger vos travaux et à mourir par votre faute.

— Une fiole pour moi ! dit l’un des auditeurs, en offrant un trente sous.

— Une pour moi !

— Une pour moi ! »

Tout le monde en veut, c’est un empressement indicible autour du charlatan heureux qui rit sournoisement. Enfin il annonce qu’il n’en a plus.