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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— La belle Noémie ? pense le muet, qui lui a dit à ce monstre qu’elle s’appelle Noémie ?

Il n’a pas fini sa réflexion, qu’il se sent saisir et emporter par des bras vigoureux qui le déposent dans une grande charrette, et le cheval, fouetté par une lanière noueuse, part au galop. Le pauvre Joseph est balloté comme un esquif sans lest, par un raz de marée, et ses membres enchaînés sont tout meurtris quand le cheval s’arrête sur la grève, à trois quarts de lieue de distance.

Il se trouvait là, roulant et vermoulu, un canot que le soleil avait ouvert en plusieurs endroits. Les petits pêcheurs à l’anguille n’osaient plus le mettre à l’eau, et il gisait abandonné sur le rivage.

Le muet fut déposé dans ce canot et lancé sur le fleuve. La mer baissait. Il partit à la dérive.

C’était là l’idée du charlatan.

Après le vol, il fit atteler un cheval à la grande charrette, et révéla son intention à ses amis, qui applaudirent.

— Au reste, remarqua le faux bourgeois, une