Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/289

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— Ensuite ?

— Ensuite ? je ne m’en souviens plus : je crois que je lui ai dit la même chose.

— Et lui ?

— Lui ? il m’a fait la même réponse. Je pars à rire ; je veux l’arrêter ; pas d’affaire ! Je lui offre ma casquette cirée ; il décline l’honneur de se mettre dessous ; je le prie de chausser mes bottes tannées ; il dédaigne le cuir de mes bottes. Tu diras un chapelet pour moi, quand tu seras à la bonne Sainte-Anne, que je lui demande. Je voyais bien qu’il allait à Sainte-Anne ; je ne suis pas bête. Il me promet qu’il le dira ; et, pour me faire cette promesse, il donne un furieux coup de tête en avant, et moi, je lui donne un furieux coup de pied en arrière !… Dieu ! que j’ai ri !…

— C’est bien vrai ce que vous dites-là ? demande le maître d’école.

— Vrai comme nous sommes tous quatre des hommes d’honneur.

— Pas plus vrai que ça ? observe le vieux en riant.

— Vrai comme je suis gris à l’heure qu’il est et que vous le serez dans un instant.