Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/306

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Le jour fixé pour le procès arriva, et il fut traîné au banc des accusés. La foule remplit la salle. Chacun le regardait avec mépris. Asselin vint dire comment, le croyant honnête, il l’avait pris à son service et bien traité, et comment l’ingrat s’était enfui après avoir profité du sommeil paisible de son maître pour le dépouiller. Les constables jurèrent qu’ils avaient trouvé, dans la ceinture de son pantalon, plusieurs pièces d’argent qu’Asselin reconnut pour siennes. Ces pièces avaient été glissées là par Racette lui-même, qui pour cela s’était assis à côté du pèlerin en revenant du Château Richer.

Aucun détail ne fut oublié : ni le cheval retrouvé sur la grève, ni le canot du père Grégoire Houle disparu pendant la nuit du vol, ni la fuite précipitée du muet.

Le juge fut inexorable. Il fit une leçon sévère au pauvre accusé qui pencha la tête, et le condamna à cinq ans de pénitencier. Alors le malheureux pèlerin frémit tout à coup, une expression de mystérieuse douleur se peignit sur sa belle figure ; il leva vers le ciel ses mains enchaînées et ses grands yeux pleins