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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

tifié d’une image au bord en dentelle, en lui disant : Tu regarderas cette image et tu liras la petite prière qui est au revers, avant de te mettre au lit, ce soir. En entrant au foyer il voit son père souriant lui tendre les bras et l’embrasser. Une femme dont la démarche et le port sont bien de sa mère, mais qu’un long voile noir recouvre de ses plis de deuil, étend une nappe de toile blanche sur la table, et sert dans un plat de faïence aux fleurs bleues, une soupe exquise. Ensuite elle apporte, sur une assiette, un morceau de lard bien cuit, flanquée de pommes de terre dorées ; puis des pâtés, puis des confitures aux prunes. La femme voilée prend l’enfant par la main, le conduit à la table et lui fait une large part de tous ces mets succulents. Le malheureux orphelin mange avec un appétit que rien ne peut apaiser. Toujours il mange et toujours il a faim. Le père sourit en le voyant faire un si bon dîner. L’enfant raconte ses succès à l’école, sans perdre une bouchée à la table. Il prend le livre où se trouve son image en dentelle, l’ouvre, enlève l’image avec transport, et la montre à son père, la regardant lui-même d’un œil avide. Il lit au bas le nom de