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Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/60

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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

avaient l’énergie de rester honnêtes et chrétiens ; mais la plupart devenaient d’une impiété, d’un cynisme effrayants. Presque tous gaspillaient, au retour, dans les bouchons infects et les mauvais lieux, l’argent qu’ils avaient gagné durant l’hiver. Hélas ! ils sont encore trop nombreux ceux qui, de nos jours, dépensent aussi follement les belles années de leur vie. Pourtant nos prêtres dévoués s’enfoncent, chaque hiver, dans les forêts lointaines et vont évangéliser ces barbares enfants des peuples civilisés. Aujourd’hui, les bourgeois veillent à la moralité de leurs employés. Mais autrefois !… Ô mon Dieu ! quelle plume oserait décrire, quel pinceau voudrait peindre les scènes immorales ou impies que les vieux sapins couvraient de leurs rameaux épais, mais ne couvraient pas assez !… Quelle voix pourrait répéter les blasphèmes qui faisaient trembler d’horreur les voûtes des forêts primitives ?…

Des jeunes gens réunis dans les cabanes de bois rond s’exerçaient au mal, se vantaient de leur cynisme, mettaient leur esprit à la torture pour trouver des blasphèmes inouïs. Et le malheureux qui jetait à la face du bon Dieu,