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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

trouvent là. L’un de ces derniers paie à boire : les autres boivent. Il s’approche du comptoir, prend, sans plus de gêne, le verre de celui qui défraie la compagnie, et le boit d’un trait. Tout le monde demeure stupéfait. On n’a jamais vu pareille insulte. Lui, Joseph, reste impassible, regardant chacun tour à tour et cherchant à deviner les impressions de tous. Le jeune homme insulté sort enfin de sa stupeur, et, jetant un cri strident et nasillard : Sacré !…

Je ne redis pas la kyrielle de blasphèmes qui jaillit du nez autant que de la bouche du jeune monstre.

— On va voir, continue-t-il, maudit ! si tu vas venir, une seconde fois, m’insulter de la pareille façon ! Mère Labourique, remplissez mon verre !

— La vieille hôtelière obéit. Avant que celui qui demande le verre puisse le porter à ses lèvres, Joseph l’a de nouveau pris et vidé. Un murmure court dans la pièce… On a le pressentiment d’une querelle sérieuse… Chacun se retire. La mère Labourique dit : Pas de chicane ici !… Attention à mes verres !…