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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

C’était le dix-sept août. Jusque vers le soir le ciel fut serein, l’air chaud et le fleuve calme comme une mer d’huile. Les oiseaux avaient chanté en voltigeant sur les peupliers verts, et les moissonneurs avaient chanté en montant dans le champ de blé, la faucille sur l’épaule. Les maisonnettes blanches et les ormes superbes qui sont échelonnés sur la rive, s’étaient mirés dans l’eau comme dans un miroir sans fin, et l’on eût dit un monde submergé et renversé fleurissant et chantant toujours. Le vieux Tace qui est un observateur avait dit à son voisin le père Mercier : On va avoir du gros vent ; il y a du mirage. Vers le soir, en effet, le vent de nord-est s’éleva, l’air se rafraîchit. Les oiseaux chantèrent encore, mais non les moissonneurs, car ils redoutèrent le mauvais temps.

Glissant comme un immense nuage dans les cieux, une cage longue de plusieurs arpents et large comme une prairie, descend sur le fleuve, emportée par le courant rapide. C’est une cage de bois carré. Au milieu s’élèvent, comme un petit village Indien, une dizaine de cabanes : c’est là que se retirent, la nuit pour dormir, le jour pour se garder du soleil