Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/101

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l’invitation, et le rayon de son œil noir est plus éloquent encore que sa douce voix.

Le muet conduisit l’homme de la police secrète à l’auberge de l’Oiseau de proie. L’hôtelière était seule : le bouge était désert. La vieille Labourique pousse un cri de joie en se levant de son fauteuil disloqué et court vers son ancien protégé :

— Mon Dieu Seigneur ! c’est toi, Djos ?… Ah ! je savais bien que tu n’étais pas un voleur, ni un méchant garçon !… moi qui t’ai presque élevé !… moi qui te regarde comme mon enfant !… Oui, monsieur, continue-t-elle, en s’adressant au compagnon du muet, oui, monsieur, ce garçon-là… c’est comme mon enfant !… je suis une mère pour lui, une vraie mère… Vous pouvez croire que j’avais du chagrin de le voir condamner comme voleur, moi qui suis si honnête femme, Dieu merci au bon Dieu ! Je ne voudrais pas, pour tout l’or du monde, que ma maison passât pour avoir abrité, ne fut-ce qu’un jour, un voleur, ou un débauché, ou… non !

Et elle embrasse le muet qui est tenté de la repousser, mais se laisse faire pour ne pas