Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/102

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éveiller de soupçons dans l’esprit de cette vieille hypocrite.

— Il faut que je te traite un peu ! ajoute-t-elle. Approche du comptoir avec monsieur ! Venez ! venez ! que voulez-vous prendre ? j’ai le meilleur rum du monde… C’est pur ! c’est fort ! c’est épais ! ça file, quoi ! comme un sirop. Tu le sais, Djos ? Elle verse quatre verres.

— Pour qui tout cela ? se demandent le muet et le limier.

Ils sont vite tirés de leur souci.

— La Louise ! crie l’hôtelière, viens trinquer avec Djos ! notre ancien petit Djos…

La Louise arrive. Elle donne la main au muet en s’efforçant de rougir et de paraître intimidées : elle n’est que ridicule et gauche. La vieille aubergiste ingurgite le quatrième verre. Le limier questionne adroitement les femmes de l’auberge et s’efforce de savoir les noms de quelques uns de leurs habitués. Les deux femmes sont rusées. Elles ne compromettent personne. Au reste, elles se sont entendues d’avance dans la prévision de ce qui arriverait un jour.