Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/106

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prêtre. Le prêtre, c’est le refuge des âmes affligées, c’est le dispensateur des biens du Christ ; c’est le bon samaritain qui verse sur les plaies des malheureux les baumes divins de la religion. Le prêtre fut vivement affecté de leur douleur ; il fut épouvanté de l’audace et de la perversité des infâmes qui avaient surpris leur confiance. Il leur conseilla de laisser la ville, si toutefois elles pouvaient gagner leur existence à la campagne. Il leur conseilla surtout de renoncer à la profession difficile et compromettante d’aubergistes. Elles y avaient déjà renoncé du fond de leur cœur. Il se trouva qu’une jolie maisonnette était en vente, près de l’église de l’une des plus belles paroisses du fleuve. Avec un petit négoce, deux femmes économes pouvaient y vivre aisément. L’hôtelière acheta la maisonnette. Quelques jours après, elle étalait dans la fenêtre, pour appeler l’attention, mille petits objets nouveaux et curieux. Et les chalands augmentaient chaque jour.

La mère Labourique rit à gorge déployée, en voyant l’enseigne présomptueuse d’en face s’obstiner à décorer une porte qui ne s’ouvre plus. Elle pense que sa rivale s’est enfuie