Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/105

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qu’un moment, à cause de l’infinité de la jouissance.

Les contrevents et la porte de l’auberge de La Colombe restèrent fermés, le matin, pendant que la vie se réveillait dans les alentours. Les journaliers qui passaient, allant à leur travail, se demandaient la raison de cette négligence inaccoutumée de la part de la nouvelle occupante.

— Personne n’est mort ici, pourtant, observait-on : il n’y a pas de crêpe à la porte.

Hélas ! un deuil plus sombre que le deuil de la mort avait menacé la paisible demeure ! Tout le jour s’écoula et les deux infortunées ne quittèrent point leur retraite profanée. Elles n’osaient affronter les regards des hommes, et pourtant leur courage et leurs vertus eussent fait l’admiration de tous. Elles avaient fait, pour échapper à leurs bourreaux, tous les efforts que peuvent déployer deux faibles femmes, et elles étaient demeurées chastes. Devant Dieu, elles avaient mérité l’auréole du martyre.

Vers le soir, elles allèrent ensemble épancher leurs angoisses mortelles dans le cœur du