Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/108

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qua. Une chaloupe le mit à terre dans sa paroisse natale.

L’ex-élève mourait d’ennui loin de son Emmélie bien-aimée. Il devenait rêveur et fuyait les plaisirs bruyants et les réunions d’amis : il errait dans les champs solitaires, s’arrêtait sur le bord des ruisseaux, écoutait le frémissement des feuilles, et toujours il pensait à la blonde enfant. Il revint à Québec.

Picounoc arrive à la maison de sa mère, en sifflant un motif qu’il a appris dans les bois. Il aperçoit une bande d’enfants sales et criailleurs, qui jouent à la porte avec des petits chevaux de bois et des catins de linge.

— Diable ! pense-t-il, ma sœur est-elle mariée depuis quinze ans ? À qui tout ça ?… Ma mère a-t-elle convolé ?… La mère et la fille vont à qui mieux mieux ?…

Puis s’adressant au plus âgé des enfants :

— Ta mère est-elle en bonne santé ?

L’enfant sourit, penche la tête et ne répond point.

— Les chats t’ont-ils mangé la langue ? ajoute Picounoc.

— L’enfant se sauve en courant derrière la