Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/11

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gare à la grillade !… crie tout à coup Dufresne, qui vient de jeter sournoisement un paquet de branches sèches dans le foyer. La flamme mordait les sarments et dardait ses flèches aigues comme des langues de vipères, jusqu’à l’échafaud chargé de lin. Madame Eusèbe court à la chaufferie, disperse les tisons enflammés et réussit à prévenir un malheur. Édouard rit à s’en rouler.

— Qui est-ce qui m’a fait ce tour-là ? demande la femme un peu contrariée.

— C’est Philippe ! répond-il.

— Non, madame, c’est Déry.

— Non, madame, ce n’est pas moi, c’est Arthémise.

— Menteur, va ! c’est Noémie.

— Moi ? je n’ai pas laissé ma braie depuis une heure…

Et de rire. Et les aigrettes légères volent au milieu de la bande travailleuse, comme une neige folle, et les jupes de droguet des jeunes filles, et les chemises de toile des garçons se couvrent d’une couche soyeuse et malpropre que la brosse fera disparaître.