Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/126

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— Allons à terre, dit le chef.

— Ou bien sur un des ilets, reprend Charlot.

Les autres sont d’avis qu’il vaut mieux chercher un refuge sur un ilet, que de s’exposer à être vus sur le rivage, et peut-être reconnus.

— Mettons-nous à la voile ? demande le charlatan.

— Pourquoi pas ? la chaloupe est sûre.

La chaloupe dansait comme une bacchante prise de vin. Il ne fut pas facile de planter le mât et de dérouler la voile. Cependant après quelques minutes, l’embarcation s’élance rapide et penchée vers l’ilet. La pluie tombe par torrents, et la clameur du fleuve redouble.

— Tonnerre ! dit le chef, raidis l’écoute, Robert, il faut arriver.

Robert tire de toutes ses forces sur la drisse qu’il attache à l’un des taquets. La voile s’élève, se tend et reçoit le vent de plus près. La chaloupe se précipite comme un coursier sous un coup de fouet. Une bourrasque mugit au même instant.

— Lâche l’écoute ! hurle le chef.

Il était trop tard. La voile tendue vient