Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/127

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frapper les ondes : la chaloupe demeure quelques instants sur le flanc, puis peu à peu le mât s’enfonce avec la toile appesantie par l’eau ; elle chavire tout-à-fait. Les brigands poussent un cri de rage en se cramponnant à la frêle embarcation.

Sur le bord du rivage, un jeune homme s’était arrêté regardant la chaloupe audacieuse qui ouvrait son aile dans le vent d’orage. Un canot se trouvait près de lui, à sec sur les galets, et, tout près du canot, un bouquet d’aunes dont les rameaux serrés offraient une légère protection contre la pluie et le vent. Le jeune homme ne voulait pas s’éloigner du canot avant que les imprudents pêcheurs ne fussent en sûreté, car il prenait pour des pêcheurs attardés les cinq brigands. Il se blottit sous la tale d’aunes. Il était là, grelottant depuis quelques minutes, quand la chaloupe tournoya comme un oiseau que le plomb a blessé dans les ailes. N’écoutant que son courage, et confiant dans son habileté à manier l’aviron, il pousse le canot sur la vague écumeuse et saute dedans. La mer montait et le vent soufflait du nord. Il n’éprouve pas de difficultés à s’éloigner de