Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/15

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— Eh ! l’ami, voulez-vous vous exercer le bras un peu ? lui dit ce diable de Dufresne, voici une demoiselle qui se sent un peu fatiguée.

Il montrait Noémie. La jeune fille sent le rouge monter à son front, et réplique en riant :

— Je suis capable de remplir ma tâche, et de danser encore à la veillée.

L’étranger la regarde dans les yeux, et la trouve fort gentille. Il s’approche d’elle :

— Laissez-moi prendre votre place un instant, lui dit-il, je ne ferai pas aussi bien que vous ; mais vous vous reposerez et j’en serai bien aise.

Noémie cède sa place.

— Ne vous gênez pas, mes amis, regardez-moi et riez, dit le jeune homme aux brayeurs qui ne travaillent plus et le dévorent des yeux.

Quelques-uns, intimidés par ce sans-gêne, se remettent au travail, les autres rient davantage. Le nouvel ouvrier réussit à peine à rompre une poignée de lin ; il est d’une gaucherie superbe ; et quand il bat sa poignée sur la braie, pour faire tomber les parcelles et les