Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/162

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À ce nom l’infortunée Geneviève se dresse brusquement, et cherche dans le lit, à la place encore chaude de l’enfant. Elle soulève les couvertures, jette l’oreiller et le traversin à terre, dérange le lit de plume et la paillasse, regarde sous la couchette, et se relève, pâle, lugubre, terrible à voir… Les gens ont peur et se reculent.

— Marie-Louise ! crie la pauvre folle, Marie-Louise !…

Elle cherche de nouveau dans le lit en désordre.

— Vous l’avez cachée, dit-elle, rendez-moi la ! Sa mère me l’a confiée… Sa mère qui est avec le bon Dieu… Je n’irai jamais avec le bon Dieu, moi, car le maître d’école a souillé mon âme, et rien de souillé n’entre dans le royaume des cieux !… Marie-Louise ! crie-t-elle encore.

Elle sort. On veut lui faire revêtir sa robe.

— Pourquoi ? rien ne peut cacher ma honte… Il n’y a pas de voile assez épais… Rendez-moi la petite, je vous en prie !… J’ai promis à sa mère de la sauver, et de la mettre au pied de la croix sur la côte de sable…