Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/164

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yeux égarés. Lepage essaie de la faire entrer : elle se fâche. Pour la rendre docile, il s’avise de lui ordonner de s’habiller promptement, pendant qu’il allait atteler le cheval, afin de courir après le ravisseur et sa victime.

Les brigands, sortis de la maison de Lepage sans faire de bruit et sans éveiller les habitants, se rendirent en courant sur la grève voisine. Le charlatan tenait serrée dans ses bras nerveux la petite Marie-Louise, qui tremblait de peur et de froid dans son primitif vêtement de toile. Elle aussi était baillonnée. La mer était basse et la chaloupe ne flottait plus au large, mais se confondait avec les roches de la batture. Le charlatan déposa l’enfant à terre près de lui, sur les galets. Elle ressentit aux pieds une douleur aiguë, voulut crier, mais sa voix mourut sous l’étoffe de l’implacable bandeau. Deux des brigands cherchèrent la chaloupe. La nuit était obscure et le rivage, semé d’énormes cailloux. Ils cherchèrent longtemps. Le charlatan tenait les deux mains de la petite pour qu’elle ne pût enlever le baillon qui l’empêchait de crier. On entendait les frissons courir sur ses membres délicats. L’un des deux qui cherchaient l’em-