Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/169

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Disant cela, le docteur à la barbe rouge s’approche de la tale d’aunes qui paraît comme un bouquet noir sur la rive couverte d’ombre. À peine a-t-il écarté les premières branches, que son pied s’embarrasse dans quelque chose d’humide et de mou comme le linge que la blanchisseuse tire de la cuve. Il se penche, tâte de la main. Un éclair de joie illumine sa face rouge et ses yeux brillent comme des topazes dans l’obscurité.

— Ici ! ici ! je les ai !… dit-il à ses compagnons, je…

Il n’achève pas. Comme le bras d’un géant qui se lève terrible et brise tout ce qu’il rencontre dans sa chute, une rame s’est levée soudain, noire dans la nuit sombre, et s’est abattue sur les reins du malheureux vendeur de sirop. Un cri terrible fit retentir la rive et le fleuve. Les brigands qui accourent s’arrêtent effrayés.

— Qu’y a-t-il ? Les as-tu ? Que fais-tu ?… demandent plusieurs voix.

— Allons voir ! dit l’un des bandits ; nous sommes assez pour nous défendre.

Ils s’approchent du bouquet d’aunes. Charlot marche le premier. Plus ils approchent