Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/181

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euse, et les derniers claquements des braies venaient de se taire dans l’alcôve champêtre. Les jeunes gens oublièrent les fatigues de la journée dans la danse et les jeux. Asselin leur avait promis une veillée : il tint parole. Nérée Hamelin, qui ne jouait pas mal les cotillons et les gigues, sur le violon, vint avec ses sœurs et plusieurs autres jeunesses du village rejoindre les brayeurs. Picounoc parut s’amuser plus que les autres. Son sobriquet fit rire tout le monde, et bien qu’il eut décliné son vrai nom à Noémie Bélanger, après avoir fait la sourde oreille aux questions des autres, on continua, par caprice ou fantaisie, à l’appeler monsieur Picounoc. On le fit chanter pour délivrer un gage. C’était alors, et c’est encore la coutume, à la campagne, de se faire prier longtemps avant de se rendre aux vœux de la compagnie. Picounoc ne voulut pas déroger à cet usage ridicule. Il se fit prier : J’ai le rhume, disait-il à l’un ; je ne sais pas chanter, répondait-il à l’autre. Je ne sais pas une chanson… et cent raisons toutes aussi bonnes…

L’on insistait :  Vous savez bien chanter…