Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/184

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Picounoc devenait amoureux de Noémie. Sans délicatesse, effronté plutôt que timide, nullement habitué à feindre, il ne dissimula point son admiration pour la belle jeune fille, et lui fit, dans les termes les moins équivoques, une brûlante déclaration. Noémie écouta, ne dit rien, et le laissa dans le doute, moins amer encore que le dédain.

La veillée fut joyeuse jusque vers minuit. Alors, on entend au dehors la voix plaintive de Geneviève qui dit :

— Rendez-moi, pour l’amour de Dieu, l’enfant de la défunte Jean Letellier !… Si je ne la retrouve pas, et si je ne la dépose point au pied de la croix, sur le haut de la côte, je serai perdue !… Oui je serai perdue !… Le sable roulant m’entraîne au fond de l’abîme !… Rendez-moi Marie-Louise ! rendez-moi Marie-Louise !…

Elle vient regarder à la fenêtre, et sa figure paraît comme la figure d’une morte qui sort de sa tombe. Les jeunes filles ont peur. La folle continue :

— Si vous la cachez dans vos chambres noires, ou sous vos lits, ou derrière les portes,