Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/197

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bord de la talle d’aunes, il attendit, une rame à la main. Comme on l’a vu, il n’attendit pas en vain.

M. Lepage avait envoyé quelqu’un pour suivre l’infortunée Geneviève et la ramener dès qu’elle consentirait à revenir. Elle se rendit à Québec, s’arrêtant souvent pour demander la petite Marie-Louise aux habitants étonnés de son étrange folie. Elle erra dans les rues, arrêtant tous les passants et leur demandant à tous l’enfant qu’elle avait perdue. Les gens se détournaient en souriant de pitié. La nuit arriva. Elle est noire dans la plupart des rues de Québec, quand la lune ne prête pas aux habitants sa bienfaisante lumière. Cette nuit-là, la lune ne vagabondait point. Elle s’était couchée de bonne heure. Geneviève ne voulut entrer nulle part. Son gardien la suivait toujours, et toujours la suppliait de revenir chez M. Lepage. La pauvre folle marchait toujours :

— Attends ! attends, disait-elle, je m’en retourne dans une minute : il faut que j’aille voir là, dans cette rue…

Elle entrait dans la rue Saint Joseph. Elle se rendit à la porte de mademoiselle Racette,