Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/22

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parer le temps perdu par un redoublement d’ardeur ; nous laisserons monsieur et madame Asselin songer, la tête basse, aux paroles singulières de Geneviève, et nous raconterons ce qui s’est passé depuis ce temps, et ce qu’ont fait les personnages avec lesquels nous avons lié connaissance.

Le jour même de la condamnation du muet avait eu lieu, dans la rue Champlain, un petit événement qui n’intéressa pas tout le monde, mais qui avait fort intrigué la bonne femme Labourique. Les contrevents épais de la maison d’en face s’étaient ouverts, comme des yeux endormis depuis longtemps, et la lumière avait joué sous les vieux plafonds enfumés. Des meubles avaient été apportés. Des femmes s’étaient occupées à laver les vitres poudreuses, les planchers et les murs couverts d’arabesques faites au charbon. L’hôtelière de l’Oiseau de proie, assise dans sa fenêtre avec la Louise, avait pris un certain plaisir à voir la vie rentrer dans la solitaire demeure. Elle disait :

— S’il y a des filles chez nos voisins nouveaux, tu iras les voir, elles viendront ici, cela te désennuiera.