Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/223

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— Nous arrangerons cela ensemble, madame.

Asselin penchait la tête et ne disait rien. Et personne ne pouvait deviner ce qui se passait dans son esprit. Le maître d’école crut que c’était le moment de relever ou soutenir l’énergie et la détermination de ses parents ; il leur apprit qu’à force de recherches, tours et ruses, il était parvenu à retrouver une bonne partie de leur argent. Ce fut, de la part de la femme avare, un cri de joie à faire trembler la maison. Son mari, bien content aussi, fut moins bruyant et plus réservé. L’argent rendu fut compté. Madame Eusèbe tournait et retournait, près de la chandelle, les piastres de France et d’Espagne, qui n’avaient pas perdu leur antique éclat. Ses yeux s’ouvraient grands pour les admirer, et, pour les retenir, ses mains se fermaient comme des serres.

La maison d’Asselin retomba de nouveau dans le calme ; tout le monde s’était mis au lit. Personne, cependant, ne dormait. Il avait été décidé que l’on accueillerait l’orphelin avec une joie feinte.