Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/224

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Le lendemain, le maître d’école lui-même annonça, dans le village, l’heureuse nouvelle du miracle de Sainte Anne, et l’arrivée prochaine du pèlerin. Il avoua s’être défié de ce garçon qu’il ne pouvait reconnaître, et, pour prévenir l’opinion publique, il dit qu’il avait voulu rendre la petite Marie-Louise à ses tuteurs et à sa famille, en allant au Château Richer la ravir à ses parents adoptifs ; que la rumeur avait fait, de ce tour innocent et permis, une action infâme, un forfait épouvantable. Il ajoutait : Vous jugerez par vous-mêmes : l’enfant reviendra et vous verrez si elle ne m’aime pas encore, et si elle a quelque raison de se plaindre de moi.

On trouva toute naturelle la tentative de l’enlèvement ; et la conduite du maître d’école parut justifiable. Comment se défier d’un homme qui se cache sous le masque de l’honnêteté ? L’hypocrisie fait plus de dupes que tous les autres vices ensemble.

Racette s’enquit des terres à vendre, et dit qu’un bourgeois de la ville, désireux de se retirer à la campagne, était venu avec lui, dans l’intention d’acheter une propriété dans le voisinage de l’église. On lui dit qu’une veuve