Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/228

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contre le barrage de souches et de branches. L’apparition s’approche toujours, paraissant et disparaissant tour à tour, comme une voile blanche qui glisse derrière un rideau de peupliers. Ses bras, pour écarter les broussailles, s’étendaient comme les bras des nageurs. Elle s’arrête vis-à-vis la fosse mystérieuse et se penche sur la berge.

Les brigands sont inquiets et contrariés. Tout-à-coup le blanc fantôme écarte ses mains pâles et s’écrie :

— L’avez-vous tuée ?… Creusez-vous sa tombe ?… Ah ! rendez-moi son cadavre que je le couvre de baisers et de pleurs !… Pourquoi l’enterrez-vous ici ? Cette terre n’est pas bénite, et personne ne viendra prier ici pour l’enfant martyre !… Ici l’on enterre les chiens et les maudits !

Le vieux Saint Pierre eût voulu ne pas ouïr cette parole qui le glaça, malgré lui, d’une crainte vague et superstitieuse. Le fantôme continue.

— J’ai promis à sa mère de la sauver ! J’étais perdu alors… je tombais ! je tombais ! je tombais !… Sa mère m’a dit de la porter au pied