Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/227

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érables. C’était la sucrerie. La lune éparpilla dans les flaques d’eau paisibles ses paillettes étincelantes. Les brigands descendirent dans le ruisseau. Courbés sur leurs bêches il se mirent à creuser en silence. Les pelles rejetaient le sable par un mouvement sinistre et régulier. Le trou béant prit l’aspect d’une fosse.

— Est-elle assez profonde ? demande le maître d’école.

— Creusons encore ; il vaut mieux creuser trop que pas assez. Et les deux bandits se remirent à l’œuvre avec une ardeur nouvelle, et la sueur inondait leurs fronts.

— Il sera facile, dit, sans interrompre son travail, le vieux Saint Pierre, il sera facile de faire passer ici l’eau du ruisseau.

— Nous entasserons les arrachis de l’autre côté, répondit le maître d’école.

Alors un léger craquement de branches se fait entendre dans l’érablière. Les deux vauriens lèvent les yeux. À travers la sombre colonnade formée par les troncs des érables, ils voient passer une forme légère, blanche et fantastique. Surpris, ils se taisent et se blottissent