Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/237

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longtemps, ou il n’a pas de cœur… C’est de sa faute si je suis devenu un misérable et si ma mère est aujourd’hui dans l’infortune… Il nous a abandonnés depuis longtemps !… Ce n’est pas étonnant, car il avait débauché ma mère, et tous deux s’étaient mariés devant un ministre protestant…

Le vieillard pâlit sous son masque. Il recule d’un pas et reste un moment silencieux. Puis se rapprochant :

— Que dis-tu, Picounoc, ton père est de Rimouski ?… Il s’est fait marier par un ministre protestant ?… aux États-Unis ?… c’est aux États-Unis ?…

— Oui.

— Et ta mère se nomme Félonise Morin ?

— Oui.

— Ah !… mais non, ce n’est pas possible ! ce n’est pas possible !

— Avez-vous connu mon père ?

— Ton père !… ton père, c’est un maudit !

— Pas plus que vous, toujours !… Décampez !