Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/239

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jure Dieu, je ne te laisserai pas un cheveu sur la tête !

Il est affreux à voir ce vieux brigand enragé. Il se développe comme le chat qui se fâche : ses muscles se gonflent sur le cou, sur les bras, sur les jambes, comme des éponges dans l’eau, et s’enlacent comme des couleuvres. Picounoc a peur et recule.

— Tu recules ! peureux !… tu te sauves !… grince le vieillard, mais tu ne m’échapperas pas !… Si tu te caches ici, je te retrouverai ailleurs !…

Picounoc ouvre la porte et se réfugie dans la maison… Quand le brigand le voit à l’abri de ses injures et de ses coups, il lui crie, l’écume à la bouche et le poing fermé : Lâche ! canaille, je te maudis !… j’ai le droit de te maudire puisque je suis ton père !…

Picounoc épouvanté s’arrête dans la porte entrouverte : Tu mens ! dit-il encore au vieillard.

Le brigand s’avance, monte sur le seuil, et mettant la tête dans la maison, dit lentement : Je suis Pierre-Énoch Saint Pierre, de Rimouski, le mari de Félonise Morin et le père de deux