Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/255

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naître, à une demi-lieue de distance, le grand cheval noir du curé. Tout à coup un gars se jette triomphant dans la maison : Les voilà ! les voilà ! je reconnais le train long du cheval ! Ils passent devant chez France Gagné.

Tout le monde se précipite. La voiture prenait la route de Saint Eustache, la concession où demeurait Asselin. Il est impossible de la reconnaître d’abord. On attend avec patience, et quand elle est sur le petit coteau, vers le milieu de la route, chacun peut admirer l’ardeur de la bête qu’une main habile conduit. Les maquignons, attirés les uns vers les autres par l’instinct ou l’unité de goût, se trouvent réunis en un peloton bavard et tapageur. Ils étudient l’allure aisée du grand cheval, font le dénombrement de ses qualités, parlent de ses écarts guéris et de sa corne dure. Ils reconnaissent que nul d’entre les plus beaux de la gent chevaline ne se porte mieux la tête. Ils restent bien penauds quand arrive la voiture. Ce sont les orphelins attendus, mais ce n’est point le cheval du curé. Le prêtre, appelé auprès d’un malade, avait prié Amable Simon de mener Joseph et Marie-Louise chez