Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/256

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leur oncle. Amable Simon s’était rendu avec plaisir au désir du curé.

Eusèbe se tient à la porte avec les autres hommes. Il prie tout le monde d’entrer. Les pupilles entrent les premiers, suivis de M. Lepage. Les femmes s’écrient en apercevant l’enfant : Cette chère petite ! voyez donc comme elle est belle ! Elle a grandi !… C’est un miracle aussi qu’elle soit revenue !

Toutes l’embrassèrent avec une véritable émotion, et plusieurs en pleurant. La femme d’Eusèbe n’eut pas l’énergie de dompter sa haine, et, la dernière, elle s’approche de l’enfant pour l’embrasser. Eusèbe qui l’épie, rougit d’indignation. En apercevant sa tante, Marie-Louise va vers elle et lui tend les bras : Tante, dit-elle, pourquoi donc ne m’attendais-tu pas ? pourquoi te sauvais-tu toujours ?

Cette parole que la naïve enfant dit en souriant, est comme un coup de poignard dans le cœur de la femme méchante. Madame Eusèbe pâlit, balbutie quelque chose comme : Tais-toi donc, petite folle ! puis effleure de sa bouche dédaigneuse le front radieux de la jeune orpheline. La parole de l’enfant surprend