Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tous les yeux se braquèrent sur le pèlerin. On savait qu’il éprouvait de l’amitié pour la brune Noémie. Le pèlerin ne put supporter sans rougir cet assaut de la curiosité. Noémie suivait sa mère et paraissait vouloir se dérober aux regards indiscrets. Le pèlerin voulut dompter sur le champ sa folle timidité. Il souhaita le bonjour à madame Bélanger, et dit à la jeune fille qu’il était heureux de la revoir, surtout heureux de pouvoir lui parler comme aux jours déjà loin de son enfance, alors qu’ils allaient ensemble à l’école. Les souvenirs de l’enfance !… voilà le thème facile, abondant, délicieux, sur lequel brode éternellement l’imagination vive de la jeunesse et la conception lente du vieil âge ! Voilà l’objet des plus charmantes causeries, et des retours les plus touchants ! C’est une oasis où l’on se repose en traversant les steppes arides de la vie… Ceux qui ont été amis dans l’enfance ne peuvent plus jamais devenir étrangers les uns aux autres. Le pèlerin et Noémie parlèrent de mille incidents qui les avaient alors bien intéressés. Ceux qui les écoutaient ne pouvaient pas deviner tout le charme de cet entretien.