Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/273

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mante à la pauvre Geneviève de la laisser en liberté, mais Geneviève l’étouffe dans une étreinte de plus en plus violente. Chacun tour à tour, par des paroles affectueuses, s’efforce de faire entendre raison à l’insensée. Elle reste impitoyable. Il faut la saisir, et lui arracher de force, pendant qu’elle écume de rage, l’enfant épouvantée qui pleure. Pour tromper son implacable protectrice, on fait sortir l’orpheline par la porte de devant et on la ramène secrètement par la porte de derrière. La folle, rendue à la liberté, s’élance dehors en criant : Marie-Louise ! Marie-Louise ! Marie-Louise !

L’apparition inopportune de l’infortunée Geneviève produit une émotion pénible. Le maître d’école se glissa furtivement en dehors de la pièce. Il regrettait le complot tramé contre le pèlerin pour sauver la vie de ses nouveaux compagnons. Il commençait à voir qu’on s’était hâté de le compromettre en lui donnant un rôle dangereux à jouer. Un moment il fut tenté de faire des aveux et d’empêcher, aux dépens de sa réputation et au risque de sa vie, un crime affreux. La honte le retint : Je suis rendu trop loin pour reculer, pensa-t-il, laissons faire, advienne que pourra.