Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/28

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— Hé ! la mère, apaisez-vous ! apaisez-vous !… Ce que l’on boira à La Colombe sera du surplus. On ne prendra pas une goutte de moins ici, pour cela. Vous ne perdrez rien, et nous gagnerons quelque chose.

— C’est cela ! Picounoc, c’est cela ! dirent les autres.

La jeune fille, voyant qu’on la regarde, s’est retirée.

— Mère, dit-elle à la nouvelle hôtelière qui range les carafes et les verres sur les tablettes à peine achevées, mère, il entre beaucoup de monde dans l’auberge d’en face ; c’est curieux que personne ne vienne ici ; notre maison a pourtant l’air propre, et nos liqueurs doivent être bonnes.

— Ce sont des habitués, peut-être, des gens de la ville : les étrangers viendront ici, comme ils pourraient aller là.

La porte s’ouvre pendant que l’hôtelière parle, et deux jeunes garçons entrent. Ce sont l’ex-élève de troisième et Sanschagrin. On les reçoit avec politesse. Emmélie leur présente des chaises. Elle a l’air gênée : une rougeur subite colore ses joues.