Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/29

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Les deux amis causèrent longtemps avec les hôtes et burent assez peu. Quand ils se retirèrent, le soir était venu. Ils étaient tristes tous deux, à cause du châtiment infligé à leur jeune camarade. L’ex-élève emportait dans son cœur l’image fraîche et souriante de la jeune fille. Il alla rêver dans les endroits déserts de la ville, loin du bruit et de la foule. Emmélie prit son aiguille et se mit à coudre, près de la fenêtre ; et pendant que ses yeux bleus suivaient les points réguliers que formait le fil dans l’indienne, ses pensées se promenaient avec le charmant garçon qui venait de sortir.

La vieille Labourique avait vu l’ex-élève et son camarade entrer à La Colombe victorieuse :

— On connaît les saintes nitouches ! avait-elle marmoté entre ses dents, on connaît les rongeurs de balustres !…

— Je vous l’ai dit, l’autre jour, ces gens-là, avaient besoin de conversion, ils se sont convertis : c’est naturel !

— Veux-tu dire, Picounoc, que ceux qui fréquentent ma maison sont des coquins, ou des libertins, ou des voleurs ?