Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/286

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fantastique. Il s’aperçut que le lit du ruisseau avait été creusé depuis peu sur un espace de quelques pieds : Est-ce là, pensa-t-il, ce qu’elle appelle la tombe ?

Il descendit. La largeur et la longueur de ce trou le faisaient, en effet, ressembler à la fosse que l’on creuse dans le cimetière. L’orphelin se perdit en conjectures. Il ne put deviner l’objet de ce travail nouveau. Ses rêves gracieux s’étaient envolés comme un essaim timide. Un sentiment de tristesse douce et vague s’emparait de ses esprits. L’écroulement de la cave où il aurait pu trouver la mort, les paroles extravagantes de la fille infortunée, le silence des bois, l’aspect de cette fosse béante, tout le portait à la mélancolie, et jetait le trouble dans son âme. Pourtant il ne savait pas à quel danger terrible il venait d’échapper en se jetant à genoux. Il revint à la maison de son tuteur. Plusieurs voisins, pour se reposer des fatigues de la journée, fumaient leur pipe avec Asselin tout en jasant de mille choses. Le pèlerin raconta qu’il venait de faire un tour sur le haut de la terre. Madame Eusèbe tressaillit, mais personne ne s’en aperçut. Il dit qu’il avait vu la folle, et répéta ses étranges phrases ; que