Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/296

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moment après une douleur plus aiguë le réveille encore. Il entend la voix qui vient du dehors et les coups de la pioche qui s’enfonce dans la terre et les pièces de bois pourri. Il ressent une joie immense. L’insensé ! il ne songe pas à la honte, au déshonneur, au châtiment qui suivront sa délivrance. L’horreur de la mort est tellement naturelle que, pour vivre un jour de plus, l’on échangerait la mort calme et sans douleur d’aujourd’hui contre le martyre de demain. Une lambourde fait baisser la masse de terre, et le maître d’école pousse un gémissement prolongé ! La terre pèse sur lui comme sur un tombeau. Il sent sa poitrine se briser contre le sol ; et il ne peut plus remuer. Sa main droite reste libre et s’agite comme un tronçon de serpent. Madame Eusèbe introduit le bras dans l’ouverture que l’instrument vient de pratiquer en dérangeant la pièce. Elle sent une main vigoureuse saisir la sienne, et frémit de terreur.

— José ! répète-t-elle, laisse-moi ! je vais te sauver.

La main qui la tient ne se desserre point ; c’est la poigne énergique du malheureux qui se noie.