Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Alors elle a une frayeur mortelle. Son esprit surrexcité lui fait souffrir mille tortures imaginaires. Elle éprouve une sensation de froid, et elle croit que c’est une couleuvre qui s’entortille autour de son bras : Sa langue fourchue va me piquer, pense-t-elle… elle me pique… ah !…

Un moment après elle se figure qu’une araignée écœurante et noire se promène sur sa main ; elle sent le chatouillement de ses pattes velues ; elle voit bien que le repoussant insecte traîne les lambeaux de sa toile brisée ; elle s’attend qu’il va la mordre, et cela lui cause des frissons d’horreur. Elle pense mourir là, fatalement attachée à son complice, sur les débris du caveau.

Personne ne saura jamais quelles angoisses elle endura pendant cette nuit de crimes et de châtiments. Quand l’aurore laissa tomber sur les prés jaunis son éclat serein, quand le soleil parut au-dessus des bois grisâtres, elle était encore enchaînée par la main impitoyable de son frère.

Asselin se réveilla vers l’heure accoutumée. La grande horloge tinta quatre coups, et le