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III

AMO TE


L’ex-élève revint chaque jour à la Colombe victorieuse. La mère Labourique le prit en aversion et lui garda rancune. Emmélie se plaisait à l’entendre parler de ses voyages et des chantiers. Il était gai, ce Paul ; il racontait avec verve, et ne se gênait pas de glisser des mots latins dans ses discours. Cela faisait rire : c’est tout ce qu’il voulait. Une aimable familiarité s’établit bientôt entre les deux jeunes gens ; un sentiment doux et mystérieux s’éveilla dans le cœur de la jeune fille. Elle ne le combattit point, mais se laissa bercer par ces douces rêveries qui révèlent l’amour, comme les vapeurs révèlent la chaleur des sillons nouveaux… L’ex-élève devina bien la cause du trouble de sa nouvelle amie, et comprit le langage de ses grands yeux d’azur. Il en fut étourdi de bonheur. Jamais il n’avait osé croire qu’une belle femme pût l’aimer sérieusement. Pendant quelques jours, il