Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/5

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Le 19 octobre 1849, les frappements joyeux de la braie se répercutaient de toutes parts. Mais les brayeurs les plus animés et la braierie la plus en renom se trouvaient sur le bord du ruisseau de Gagné. Ce ruisseau coule, en arrivant au fleuve, entre deux côtes élevées richement plantées d’ormes, de noyers et d’érables. Un pont solide en réunit les deux bords ; et le chemin qui descend à ce pont tournoie, d’un côté, autour du cap de tuf, comme une guirlande autour d’une colonne. De l’autre bord, la côte décrit un demi-cercle et le ruisseau fait une courbe. Du haut de cette côte on dirait un vaste entonnoir où descendent les arbres de toutes espèces. C’est au fond de ce ravin ombragé, au bord des ondes, sur un plateau tapissé de feuilles et de mousse que l’on a établi la braierie où je vais faire descendre mes bien-aimés lecteurs. N’ayez pas peur de me suivre, mesdames dans ces lieux écartés, nous n’y serons point seuls. Le rayon du soleil y joue avec les rameaux sans feuilles, le flot y badine avec le roseau pliant, le vent y dort d’un sommeil léger au fond de l’alcôve, et les échos bavards n’entendent point les aveux que l’on fait tous