Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/6

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bas. Au reste, si vous n’êtes pas encore rassurées, écoutez ! vous allez entendre des voix fraîches de jeunes filles, des pétillements, des murmures, des chants et des bruits de mille sortes. Attention ! gare à vous ! Laissez passer cette charrette remplie de bottes de lin. Ah ! les ouvriers vont avoir de l’ouvrage. Voyez-vous cette fillette qui fait une moue charmante en regardant arriver le voyage de lin, et qui dit au charroyeur :

— M. Asselin, faut-il brayer tout cela avant la veillée ?

C’est Noémie Bélanger, la perle du canton.

Asselin lui répond :

— Vous êtes dix, et il n’y a pas de besogne pour six ; allons ! frappez fort et dru ! vous aurez du plaisir ce soir : les violons sont invités.

— À la bonne heure ! repart un garçon jovial qui fait un pas en cadence, et bat les ailes de pigeon sur le feuillage sec.

Nous sommes avec les jeunes gens qu’Asselin a invités à brayer. C’est la corvée de madame Eusèbe. Il serait ennuyeux de s’en aller seul, pendant de longs jours, écraser, sous l’instrument fatigant, le lin desséché ; on convie ses