Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/56

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qu’il est la victime de quelques monstres indignes d’être appelés des hommes.

Les voleurs se mordaient les lèvres.

— Il me tarde de savoir les moyens que vous avez de sauver ce pauvre jeune homme, recommence le chef. Je m’intéresse à lui sans beaucoup le connaître ; je ne l’ai vu que quelquefois à l’auberge ; mais sa figure me revenait. Et puis il est si triste de voir souffrir l’innocence.

— Ce ne sera pas long, réplique Pagé, je vais vous exposer les raisons que j’ai de parler comme je le fais.

Alors il dit que le matin même qui suivit la nuit du vol, lui Pagé, il avait sauvé un canot qui descendait à la dérive, plein d’eau, et que l’accusé, solidement lié avec de fortes courroies, était couché dans ce canot.

— Cela pouvait être une ruse du voleur, remarque l’un des brigands.

— Une ruse ? reprend l’habitant ; vous croyez ça, vous ? Il avait les mains attachées derrière le dos, et les pieds presque coupés par les cordes. Une minute de plus, il se noyait ; c’était fini : l’eau en passant sur l’em-