Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/71

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— Nous choisirons une nuit de pluie : la police se met à l’abri quand il pleut.

— Et nous choisirons une nuit où l’auberge de La Colombe n’aura point d’hôtes.

— Est-ce compris ?

— C’est fait. Tordflèche ! je m’en fiche ! je partirai de suite après, pour aller voir ma mère que je n’ai pas embrassée depuis quinze ans, et les embrassades finies, je remonterai dans les chantiers.

Pendant que le vieux Saint Pierre et le vagabond Picounoc forment des projets infâmes, la jeune Emmélie et sa mère entrent dans leur chambre modeste pour se reposer des fatigues de la journée. Elles ne regrettent pas d’avoir vendu leur terre, car la maison qu’elles viennent d’ouvrir est passablement achalandée. L’avenir leur apparaît plus serein que le passé. Emmélie songe à son nouveau cavalier. L’ivresse de ce premier amour la transporte dans un monde enchanté. Déjà elle se brode une existence toute de bonheur et de joie. Ô douces espérances des cœurs aimants ! ô doux rêves du jeune âge ! que vous apportez de charmes à la vie ! que vous semez de