Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/72

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fleurs sur nos pas ! et que l’on est heureux de ne pas deviner comme vous vous envolez vite ! Emmélie et sa mère venaient de céder aux douceurs du sommeil, lorsque trois coups violents firent trembler la porte de l’auberge. Le sommeil s’enfuit comme l’oiseau qu’effraie la détonation du fusil. Elles se levèrent en tremblant et vinrent ouvrir en se mettant sous la garde de Dieu.

Pendant que, par dérision, l’on boit à la santé du muet, dans l’auberge de la mère Labourique, couché sur un grabat sale et dur, dans une cellule humide, un infortuné jeune homme pleure en silence. Les ténèbres enveloppent la vieille prison de la rue St. Stanislas ; mais ces ténèbres n’ont rien d’affreux comparées à celles qui remplissent les tristes corridors et les cachots infects de l’asile des criminels. Et le jeune homme réfléchit sur la malice et l’aveuglement du monde. Il se demande, dans son ignorance, pourquoi Dieu permet que le mensonge et l’injustice triomphent de la vérité. Il sent bien qu’il a des fautes à expier et que le châtiment, de quelque part, ou sous quelque forme qu’il vienne, le purifiera. Il se soumet, car il est repentant.